Lorsque le stress perdure, l’organisme souffre et s’épuise. Les émotions positives “améliorent” nos paramètres physiologiques et diminuent les risques de troubles physiques ou psychologiques. Comment activer ces émotions qui font du bien ?
Lorsque le cerveau réagit à une situation menaçante, c’est l’amygdale, une structure appartenant au système limbique qui gère l’émotion, perçoit le signal de danger et s’active, entraînant une cascade de modifications physiologiques : les réserves d’énergies sont mobilisées, la fréquence cardiaque augmente pour mieux alimenter les muscles en nutriments, la transpiration augmente, la respiration s’amplifie afin de permettre qu’une grande quantité d’oxygène atteigne le cerveau et les muscles, des analgésiques naturels sont libérés de façon préventive, les plaquettes sont activées pour minimiser la perte de sang en cas de blessure, des phénomènes inflammatoires se déclenchent pour protéger le corps…
Lors de cette réaction, l’organisme se mobilise donc pour affronter la menace, c’est cette réponse automatique qui a permis à nos ancêtres de survivre et faire face aux dangers et aux prédateurs auxquels ils étaient soumis (fight or flight : on combat ou on fuit).
Cette réponse de stress est donc nécessaire à l’organisme dans bien des situations, par exemple, lorsque nous traversons la chaussée et qu’une voiture arrive rapidement.
Ou, lorsqu’en cas de blessure, les mécanismes de l’inflammation s’activent pour favoriser la cicatrisation de la plaie. En revanche, la réponse de stress est néfaste lorsqu’elle est trop fréquente et devient chronique (par exemple, quand nous sommes « sous tensions » au travail).
Cette réponse ne laisse pas le temps ou la possibilité à l’organisme de revenir à un état d’équilibre, sur le long terme, le corps « s’use », ce qui peut favoriser le développement de certaines pathologies comme la dépression, des maladies virales ou encore des anomalies cardiovasculaires (Appleton et Kubzansky, 2014).
Parallèlement à ces mécanismes biologiques, des facteurs comportementaux peuvent aussi influer sur le risque de développer une maladie cardiovasculaire : l’alimentation, le tabac, le manque d’exercice physique… Stressés, nous pouvons manger davantage, fumer, faire moins de sport par exemple, d’autant de facteurs de risque à nouveau liés à nos émotions.
Alors, qu’est-ce qu’une émotion ?
Une émotion est un état affectif provoqué par une évaluation automatique de nos besoins. Elle implique des ajustements comportementaux, physiologiques et cognitifs liés à la situation. Elle prépare l’organisme à agir de façon efficace et adaptée dans un contexte donné. Les émotions sont divisées en deux catégories : les négatives ou désagréables, et les positives ou agréables.
L’étude de l’impact des émotions sur la santé est un pan de la recherche assez développé et l’impact des émotions négatives sur la santé est largement connu, mais depuis les années 1990 a été également étudié, le lien entre les émotions telles que la joie, la vitalité, la curiosité, la gratitude et l’amélioration de la santé physique. Certaines conclusions ont d’ailleurs montré une résistance plus élevée face aux infections, une probabilité diminuée d’accidents cardiovasculaire et vasculaires cérébraux ou des maladies du vieillissement (« Nun Study – https://en.wikipedia.org/wiki/Nun_Study).
Deux expériences de laboratoire permettent de mieux comprendre les mécanismes impliqués dans ce lien émotion-santé.
– Cohen et Rabin (1998) ont travaillé sur les liens entre les émotions positives et le système immunitaire. Ils ont demandé à des participants de noter pendant plusieurs semaines leur état psychologique en mesurant leurs émotions positives et négatives.
Les chercheurs les ont ensuite mis en contact avec un virus de rhume contenu dans des gouttes nasales : les participants ayant ressenti davantage d’émotions positives dans les jours qui précédaient la mise en contact avec le virus sont significativement moins souvent tombés malades. Les émotions positives sont liées à une plus grande résistance de l’organisme face aux virus.
– Frederickson et al., (2013) ont quant à eux, observé certains mécanismes corps-esprit. Les chercheurs ont mis dans un premier temps les participants en situation de stress : ils leur ont annoncé qu’ils allaient devoir préparer, puis présenter un exposé devant un jury. En même temps, leur tension artérielle et leur fréquence cardiaque étaient mesurées, ce qui a permis de constater que les réactions physiologiques de stress se manifestaient bien. Les participants étaient ensuite divisés en quatre groupes, chacun visionnant un clip de quelques minutes parmi quatre vidéos connotées d’une valence émotionnelle distincte (joie, contentement, neutralité, tristesse).
Les résultats ont montré que le temps mis par chacun des groupes pour revenir à l’état d’équilibre sur le plan physiologique (tension artérielle et fréquence cardiaque) serait différent en fonction de la vidéo visionnée. En effet les participants ayant regardé la vidéo « triste » ont récupéré leur état d’équilibre au niveau des paramètres cardiovasculaires beaucoup plus lentement que les participants ayant regardé la vidéo « joie ».
Nos émotions auraient donc une influence directe sur la santé de notre cœur et différentes méthodes permettent de mieux gérer le stress face à des situations déstabilisantes comme la méditation pleine conscience ou l’hypnose par exemple.
Vous pouvez travailler pour développer votre bien être hédonique qui correspond à la recherche du plaisir et votre bien être eudémonique qui est lié à la réalisation de soi, à l’autonomie, aux relations positives vis-à-vis des autres ainsi qu’au sens que nous donnons à l’existence.
Il a en effet été montré que le bien être hédonique et le bien être eudémonique (qui va au-delà de la gratification immédiate) et davantage pour ce dernier sont associés à une activation des gènes « antistress ».
Comment améliorer son bien être afin d’activer ces facteurs « antistress » ?
La marche lente en forêt est de plus en plus prônée au Japon comme forme de médecine préventive antistress.
Le « Shinrin-Yoku », qui signifie « bain de forêt », amène la personne, à porter attention à la fraîcheur de l’air, aux couleurs et aux sons. C’est une forme de méditation qui consiste à être présent dans l’environnement. En l’absence de la surstimulation liée à l’environnement urbain, la relaxation s’installe.
Un petit exercice pour la route ? Apprenons à trouver la satisfaction dans la nourriture, puisqu’en général ; lorsque nous mangeons, nous nous mettons la plupart du temps en pilotage automatique…
Imaginez que vous n’avez jamais vu un raisin…
vous ne savez pas ce que peut bien être cet objet.
Regardez-le, tournez autour, couleur, forme, texture.
Touchez-le, sentez-le.
Ecoutez ce que votre esprit en dit,
écoutez les sons qu’il produit.
Portez-le à vos lèvres,
remarquez comme votre main sait absolument comment le présenter à votre bouche.
Posez-le sur votre langue et…
expérimentez comment vous pouvez le sentir, sa présence dans votre bouche.
Tenez-le entre vos dents et quand vous serez prêt vous pourrez croquer dedans.
Voyez comment la saveur envahit votre bouche, comment votre cerveau accueille cette sensation.
Mâchez, profitez. Éventuellement avalez-le pour suivre son chemin.
Tout cela pour un seul petit raisin…
Appleton, A. A., Loucks, E. B., Buka, S. L., & Kubzansky, L. D. (2014). Divergent Associations of Antecedent- and Response-Focused Emotion Regulation Strategies with Midlife Cardiovascular Disease Risk. Annals of Behavioral Medicine : A Publication of the Society of Behavioral Medicine, 48(2), 246–255.
Fredrickson, B. L, Grewen, K. M, Coffey, K. A, Algoe, S. B, Firestine, A. M, Arevalo, J. M. G, Ma, J., & Cole, S. W. (2013). A functional genomic perspective on human well-being. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, 110(33), 13684-13689.
Cohen S., Rabin B.S. (1998). Psychologic Stress, Immunity, and Cancer, JNCI: Journal of the National Cancer Institute 90(1), 3–4,